La phrase assassine

Je sortais de la douche ce soir. Fiston y était aussi. Pendant que je m'essuyais, il tentait, tant bien que mal, de se mettre debout. Je me retourne et il me regarde, debout, avec le sourire, avec l'air de dire: "R'garde m'man! J'y suis arrivé! Même si c'est super glissant parce que c'est mouillé pis que je ne suis pas encore bon pour me tenir debout tout seul, j'y suis arrivé!"

Moi: "Tention Lou... Tu vas tomber."

Voilà... Je venais de dire une "phrase assassine". J'étais en train de dire à mon fiston de 10 mois: "Je ne te crois pas capable de rester debout sur la surface mouillée et glissante. Je sais que tu vas tomber." J'étais en train de lui confirmer qu'il allait connaître l'échec.

Est-ce que c'était réellement mon intention? Non. En fait, je ne voulais pas qu'il se fasse mal et je savais que c'était glissant, qu'il n'était pas habile, que les risques d'accident étaient quand même importants... Je voulais un peu le protéger...

Mais mon message n'était pas le bon. Et, pour me contredire, mon Lou n'a pas tombé. Il s'est remis sur ses fesses, comme si de rien n'était.

Il nous arrive souvent, comme parent ou comme intervenant, de dire ce genre de petites phrases assassines. Elles assassinent la confiance en soi de nos enfants parce que malgré nous, ces petites phrases remettent en question leurs capacité à réussir quelque chose.

Je me suis tout de suite ravisé après avoir dit cette petite phrase en lui disant: "Bravo Lou! Tu as réussis. Sois prudent parce que c'est glissant et je ne voudrais pas que tu te blesses."