jeudi 19 juillet 2007

Parce que c'est une question de perception...

Je suis technicienne en éducation spécialisée. Je travaille principalement dans les écoles et je fais aussi quelques heures dans les Centres Jeunesses de la Montérégie. ( oui! oui! la méchante DPJ)

Cela fait depuis 2001 que je pratique avec beaucoup de passion ce métier. En fait, je ne crois pas que ça soit "une job" parce que les éducateurs/trices que je rencontre qui la considère comme tel, ne sont pas, à mon avis, de bons intervenants. Malheureusement, on semble souvent oublier que le dossier qui nous est présenté, est l'histoire d'un individu...

Depuis 2001, j'ai eu à travailler avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'élèves en difficultés. Des élèves qui avaient des problématiques diverses, des situations familiales particulières, bref, des élèves qui avaient besoin que j'arrive dans leurs vies.

Il y a eu 4 élèves qui, ont été de véritables défis. Lorsque je rencontrait l'équipe d'intervenants et qu'on me présentait le "cas" ( parce que malheureusement, comme je l'ai mentionné, beaucoup d'intervenants oublient que ce sont des humains et non seulement des "cas"), on me disait souvent: "Il n'y a rien à faire. Ce n'est pas sa place ici. Tu peux ben essayer mais on essaie de lui trouver une autre école. Yé foutu de toute façon, il est trop tard. Ses problèmes de comportements sont beaucoup trop importants, etc."

Je suis fière de dire que parmi ces 4 élèves, AUCUN n'a changé d'école. Au contraire! Ils ont réintégré le régulier, on développer de nouvelles habiletés et même, a terminé son secondaire, alors que le pronostic était très défavorable. Dans cette situation-ci, ces mêmes intevenants qui me disaient que "c'était pas sa place et qu'il n'y avait rien à faire" étaient les premiers à se féliciter de ne pas l'avoir envoyé dans une autre école...

Bref... Pourquoi j'ai réussi avec ces élèves? Parce que tout est une question de perception.

Alors que j'étais au CLSC hier, j'ai eu une conversation avec une maman. Cette dernière dénigrait beaucoup son fiston de 10 mois. Je lui ai montré que tout était une quesiton de perception...

"Quand vous dites que votre fils est "épais" parce qu'ils s'obstine à vouloir se relever contre la table du salon et qu'il fini toujours par retomber sur les fesses et qu'il pleure un peu, moi, ce que je vois, c'est qu'il est persévérant. Malgré le fait qu'il se "fait mal", il essait encore et encore. C'est ainsi qu'il va apprendre que même s'il tombe, il saura toujours se relever... C'est une belle qualité de ne pas abandonner, vous savez?"

"Vous me disiez qu'il était "fatiguant", parce qu'il avait toujours le nez "fourré partout", et bien moi je trouve qu'il est curieux et intéressé par ce qui l'entoure. Il découvre son monde et est fasciné. Il a un désir d'apprendre, même si, pour le moment c'est contraignant parce que nous devons toujours assurer sa sécurité."

"Lorsqu'il pleure et que vous mentionné "qu'il ne sait pas ce qu'il veut", il se peut que vous ne comprenez pas ce qu'il vous dit."

La dame n'a pas semblé être offusqué par mes propos. Je trouvais dommage qu'elle ait une opinion si négative de son fils. Pour ma part, je sais que lorsque je trouve mon petit homme "fatiguant", c'est parce que c'est moi qui est fatiguée...

Changer sa perception des choses fait parfois toute la différence... C'est ce qui me permet d'être une bonne éducatrice... et je l'espère, une bonne maman!

4 commentaires:

Véro a dit...

c'est vraiment bien de changer sa perception et je sais que c'est pas facile à faire... trop de gens se bornent avec des idées de société déjà établies. bravo!

Dame Galadriel a dit...

L'histoire de la maman du CLSC m'a ramené en arrière, à l'époque où mon aîné était bébé. A cette époque nous vivions à Montréal et ma voisine avait eu un bébé 4 mois avant que j'ai le mien.

Mes enfants ont parlé tôt et se sont traînés par terre tôt. Ce qui fait que mon plus vieux a à peine un an disait son nom. Moi, toute contente, je lui dit et ce sans me douter de sa réaction. Je regarde mon fils et lui dit:"Comment tu t'appelle? C'est quoi ton nom?"
Mon fils de me répondre son nom, elle se tourne alors ver sa fille et lui dit:"Pis toé maudite épaisse, qu'est-ce t'attend pour le dire!"

Je me suis tellement senti mal que je n'ai plus jamais mis au courant ma voisine des progrès de mon fils. Cette mère avait d'ailleurs une forte tendance à traiter ses enfants de nom...Comme si de donner des noms ne laissaient pas de cicatrices aussi profonde que des coups.

Tu sembles aimer ton métier et bien le faire, ne te laisse pas décourager par les autres, les bonnes restent importantes pour ceux qui en ont besoin :)

Mercredie a dit...

La_femme_d'un_militaire: En effet, changer de perception n'est pas toujours facile. Souvent, pour imager la perception, je prends une revue et je demande à mon interlocuteur de me décrire ce qu'il voit ( la page couverture). Par la suite, je décris ce que je vois ( la dernière page) et je termine en lui disant que nous parlons tout les deux de la même revue mais que nous ne voyons pas nécessairement les mêmes choses.
Les images commes celle là a souvent beaucoup d'impact!

Dame Galadriel: En effet, j'aime beaucoup mon métier et je ne me laisse pas décourager par les autres. J'ai ma propre philosophie d'intervention qui m'a, jusqu'à date, bien réussie. Je fais souvent cavalier seule et à ma tête. Je suis capable de demander conseil aux autres et de voir leurs points de vus ( qui me permettent souvent de voir la problématique sous un autre angle, ce qui est fort intéressant). Et puis, si je suis dans le champs, je pense être assez humble pour le reconnaître!

Taïga a dit...

C'est une belle réflexion. Très intéressant... Je commence à lire tes posts libellés Éducatrice, tu m'as accrochée avec le dernier!